Auteur: Marc Braham (ingénieur) - avril 2020
Localisation: Vaux-sous-Chèvremont, parc Hauster (actuellement parc du Château des Thermes).
50 °35'26.71" N. ; 5°37'48.94" E.
Année de construction: très probablement 1830(8)
Disparition: date inconnue, probablement entre 1920 et 1950 (il a été arraché par les crues de la Vesdre en février 1850, mais ensuite reconstruit)
Concepteur:
Constructeur, fabricant: probablement les forges et fonderies de Hauster, sur place.
Utilité: accès à l’île Hauster, aux usines et au château.
Type de pont: pont suspendu, à tablier souple
Description en long: longueur inconnue: 20 m? 25 m?
Particularité: parfois prétendu premier pont suspendu de Belgique(2)

Le pont suspendu dit Hauster (ou de Haut-Ster) de Vaux-sous-Chèvremont permettait de se rendre, à partir de la route principale de la vallée, en rive gauche de la Vesdre, au site de Ster, portion de terrain entourée par un coude de la Vesdre et un de ses biefs, en aval de Chaudfontaine. Sur ce terrain se sont trouvés, depuis le XVIe, des laminoirs, des forges et des fonderies(1), (3). Un pont était donc plus que nécessaire pour desservir ces usines et écouler leurs produits par la route située sur l’autre rive de la Vesdre.
Des ponts ont peut-être existé plus tôt à cet endroit, mais le pont suspendu à des pseudo-chaînes de fer date indubitablement du début du XIXe. La gravure du pont reproduite plus bas indique la date – manuscrite – "1834". On pourrait la mettre en doute, mais le journal le Courrier des Pays-Bas, du 9 juin 1830(8), indique qu’ "un pont suspendu en fer sera construit prochainement en face des usines Hooster (sic) de Vaux-sous-Chêvrement". On peut donc sans grand risque dater la construction du pont de la fin 1830. Ajoutons à titre indicatif, que l’on trouve une mention précise de ce pont suspendu dans les relations de promenade du Docteur B.Y. en 1839(7). Ce Docteur précise, à propos de ce pont, "le premier, je crois, de cette grandeur qui ait été construit dans notre province". La Gazette de Liége du 4 février 1850(2) prétend de son côté que le pont Hauster était le premier de ce type construit en Belgique; c’est certainement injustifié puisque, notamment, le journal mentionné plus haut(8) disait en substance, en 1830, "on voit avec plaisir les ponts suspendus se multiplier". On sait au moins, en effet, que la passerelle suspendue de Bazel (Wissekerke) date des années 1820 (voir fiche 25), que le pont "en fil de fer" de Stembert fut construit en 1826 (voir fiche 11), et que le pont suspendu du Vertmontois à Péruwelz fut construit entre 1825 et 1829(5).

CPA, Edit. Debras-Drianne.
A cette époque fer et fonte commençaient à prendre une part notable dans la construction et il est probable que les ateliers de Hauster aient aussi voulu utiliser ces "nouveaux matériaux", d’autant plus qu’ils étaient à même de réaliser toutes les pièces de ce projet. Les poutres laminées, qui auraient pu servir à réaliser un tablier, n’existaient cependant pas encore, elles apparaîtront vers 1850. Il était cependant loisible de réaliser un pont suspendu en accrochant des longrines transversales - probablement en bois - à des suspentes métalliques, des barres de fer. Ces suspentes étaient elles-mêmes accrochées à des chaines faites probablement de barres de fer forgé tendues d’une rive à l’autre à la manière de caténaires on était alors à l’aube de la réalisation des câbles à fils de fer, parallèles d’abord, mais il paraît plus évident, dans un pays de forges et de fonderies, que l’on ait utilisé ici des barres de fer. Un tablier en bois posé de longrine à longrine venait alors terminer l’ouvrage.
En février 1850 le pont est détruit par une crue de la Vesdre(1), (2),(3), mais il est reconstruit, peut-être à l’identique, en tout cas semblable(4), probablement très tôt. Au début du XXe il permettait l’accès au parc du château Nagelmackers(4), du nom de la dernière famille propriétaire des usines. D’après des sources non confirmées(1), Il aurait subi une importante modification en 1911; il s’agit peut-être de l’ajout d’une pile en rivière, qui est visible sur certains clichés. L’ouvrage devait inévitablement servir au charroi des produits des ateliers métallurgiques locaux, or il devait être très flexible. Les diverses crues de la Vesdre l’ont d’ailleurs endommagé plusieurs fois. Il est donc possible que l’on ait voulu remédier à cette situation en ajoutant un appui en rivière, que l’on aperçoit sur la photographie ci-contre. Sur une photographie couleurs (voir plus bas), non datée mais peut-être des années 1940, on distingue également l’appui central. La plupart des vues du pont, les cartes postales de la fin du XIXe et du début du XXe en l’occurrence(4), ne montrant pas un tel appui, il a dû être réalisé assez tard, peut-être effectivement en 1911.
Les usines ont fonctionné jusqu’en 1955 mais la date de disparition du pont suspendu est bien antérieure, probablement entre 1920 et 1950(6). Une carte postale (voir plus bas) le montre, avec, sur la route de la vallée, les signes de la présence du tram électrique; cela ne donne-t-il pas un indice permettant une meilleure datation? Après sa destruction le pont suspendu a été remplacé par un pont à poutres métalliques(6), qui existe toujours mais est maintenant interdit de circulation pour cause de vétusté. A une date plus récente encore, a été construit, à quelques dizaines de mètres de là en aval, un nouveau pont permettant d’atteindre le château, devenu entretemps le Château des Thermes. Ce dernier pont est actuellement en fonction.

Lavis daté de 1834 ; le pont suspendu de Hauster (Coll. artistiques de l’Université de Liège).
(1) Histoire de Vaux-sous-Chèvremont, village de banlieue; F. Michel. 1993.
(2) La Gazette de Liège. 4 février 1850.
(3) Histoires d'eau à Chaudfontaine. B. Lognard-Poncin et F. Michel. 1997. Imprimerie communale de Chaudfontaine.
(4) Nombreuses cartes postales de la fin du XIXe et début du XXe.
(5) Echange de courriels avec le Professeur B. Espion, Université Libre de Bruxelles.
(7) B.Y.; Promenades historiques dans le pays de Liège. Liège, Imprimerie Collardin. 1839.
Iconographie complémentaire

Vue de Haut-Ster, avec, en bas, une vue du pont suspendu. (collections du C.I.D. de Chaudfontaine) Date inconnue, environs 1940-1950?

Le pont Hauster et la ligne de tram électrique (Carte postale F. Butenaers Liège)

Le pont suspendu et la basilique, inaugurée en 1899. C’est une carte pionnière, donc éditée avant 1904. Il est probable que la basilique ait été ajoutée. (Carte postale Nels, Bruxelles)