De mon temps… Chaudfontaine était spécialisée dans la canonnerie.
A la fin du 18e s., l'usine à canon de Chaudfontaine avait le monopole de la fabrication d'armes de guerre produites à Liège. Au début du siècle dernier, cette usine est devenue une fabrique de pelles et d'ustensiles divers avant d'être rasée en 1950.
Sources : LOGNARD-PONCIN, Bernadette. Métiers et transports d'hier, industrie d'aujourd'hui. Cat. Expo. 1985. Chaudfontaine Photos issues du Centre d'information et de documentation de Chaudfontaine.

Contexte historique
Sous l'Ancien Régime, les marchands d'armes de Liège jouissaient d'une grande réputation et exportaient vers l'Espagne, la Hollande, le Portugal et l'Allemagne. Cette réputation était fondée sur la qualité du travail.
Les matières premières étaient excellentes, le combustible abondant et peu coûteux, les essences de bois disponibles sur place, les mines de fer florissantes, mais surtout les artisans étaient remarquablement qualifiés. C'est grâce à cette spécialisation que Liège est arrivée à fournir les meilleures armes à un prix modéré.
Le début du XVIIe siècle marque la ruralisation de l'armurerie. Les ouvriers s'établissent hors ville échappant ainsi au système corporatif, à ses contraintes et garanties. La Vallée de la Vesdre offre à peu de frais la force hydraulique pour actionner les martinets des forgerons. Chaudfontaine voit ainsi s'installer plusieurs usines à canons et devient un des centres de la canonnerie liégeoise. Les usines se composent généralement de deux à trois bancs de forages et d’une ou deux meules à polir. Cette activité, une exclusivité de la vallée de la Vesdre, occupe onze ateliers en 1670 et dix-huit en 1790.
L'usine à canon
La trace la plus ancienne révélant l’activité en tant que telle d'une forge à canon de fusils à Chaudfontaine date du 22 juin 1712.
Elle est dirigée par Jean-Paquay Malherbe. Bien avant cela, entre 1547 et 1566, Lambert le Godet acquiert à Chaudfontaine une forge qui restera dans sa famille jusqu'en 1707.
Elle passera aux familles Lecomte et Delcreyr. Après avoir été convertie en maka, elle est vendue le 16 décembre 1797 à un homme qui a marqué notre histoire, Jean Gosuin. Il la transforme en usine à canon.
Sous la domination française, l'industrie des armes est limitée à la fabrication d'armes de guerre. Le gouvernement français va évidemment profiter des ressources que la région liégeoise lui offre pour son réarmement. Il accorde à Jean Gosuin le monopole de la fabrication de toutes les armes de guerre produites à Liège. C'est ainsi que naît en 1799 la manufacture nationale d'armes de guerre.
En 1809 à la mort de Jean Gosuin, l'usine de Chaudfontaine, qui en 1806 occupait 63 ouvriers et produisait 18 900 canons de fusil par an, passe sous la direction de son fils Jean-Joseph.
Après la chute du régime français, ses propriétés calidifontaines et liégeoises sont vendues à Malherbe et Compagnie en 1816. L'usine sera revendue à Massart-Higny en 1855. Georges Dambois y fabriquera ensuite des pelles et des ustensiles divers. L'ensemble sera rasé en 1950.
Le Maka Malherbe
Un maka est un marteau à bascule qui sert à battre les loupes de fer sortant de l'affinerie pour en chasser les scories et donner au fer ainsi obtenu une forme standardisée. Le marteau peut atteindre 420 kilos et frapper de 60 à 80 coups par minute.

La technique du canon à damas
L'origine du damas est très imprécise, il semblerait que le procédé fut usité en Perse et importé par les Arabes qui se servaient d'un mélange fer-acier pour forger les lames d'épée.
À l'apparition des laminoirs, on songe à leur confier l'étirage des rubans par paquets constitués à l'aide de débris de fer et d'acier. Les canons ainsi forgés présentaient un dessin.
Pour rompre la monotonie des spirales, on eut l'idée de chauffer au rouge le ruban venu du laminoir, de le tordre et de l'aplatir à nouveau; le damas était né.
On remplace les débris informes par des plaques et baguettes de fer et d'acier, placés en lits réguliers. Le dessin obtenu se répète et constitue avec quelque peu d'expérience et d'imagination de véritables chefs d’œuvre. Le procédé s'implante en 1835 dans la vallée de la Vesdre qui éclipse bientôt les concurrents étrangers grâce à l'habilité exceptionnelle des artisans et le prix relativement bas des produits. Le damas n'est ni une peinture ni une incrustation, il fait partie de la matière.

Damas

Ruban en spirale